dimanche 17 janvier 2010
Fracture
Ceux qui me connaissent le savent: je réfléchis beaucoup. Le problème, c'est que mon cerveau finit par prendre le dessus en termes de créativité. Tout se passe là-haut, et peu se passe dans le reste du corps. Il y a une certaine déconnexion entre la tête et le reste. Je suis consciente de cette caractéristique, mais elle a été particulièrement mise en lumière lorsque j'ai executé un exercice de jeu devant un des acteurs du théâtre. Il s'agissait, pour cet exercice, de parcourir l'espace d'un point à un autre ; une fois en explorant l'espace sur un mode comique, et une fois sur un mode tragique. Il fallait explorer ce que ça voulait dire de marcher "comiquement" et "tragiquement" dans l'espace: se soucier de la ligne, du mouvement, de l'espace, de la texture, de la couleur, du rythme. Explorer toutes les facettes du mouvement, de la relation du corps avec le sol, avec le plafond, avec l'air. Exercice difficile.
Mon spectateur-professeur (Bill) n'a pas dit grand-chose sur ma marche tragique. Mais par contre, la marche comique! Elle était contrôlée par ma tête. Une marche droite, un seul rythme, quelques coupures mais peu de changements de tempo. Ce n'était pas, en soi, une marche ratée, mais je ne m'étais pas donnée le loisir d'explorer toutes les possibilités. Je n'ai fait que penser à cette marche, plutôt que de la ressentir, et de me laisser aller dans l'exploration.
Bill m'a donc dit de me concentrer sur la pensée instinctive, émotionnelle. Le truc c'est que je sais qu'elle existe en moi. Je me souviens, petite, que j'avais une compréhension physique des choses. Quand j'ai commencé à jouer au théâtre, vers 10 ans, je ne réfléchissais pas. Je faisais. Et puis, avec chaque année, l'action était chaque fois plus teintée par la reflexion, puis carrément remplacée par elle. Jusqu'au jour où j'ai finalement arrêté de jouer régulièrement. Et j'ai commencé plus sérieusement à écrire. Coincidence?
Zach et moi préparons maintenant notre spectacle. Touchstone permet tous les ans aux apprentis de travailler par eux-mêmes pour aboutir sur des créations originales présentées dans le théâtre pour deux soirées en fin février. On vient de commencer à travailler. Je ne sais pas encore ce qui va ressortir des répétitions, mais je sais que je vais tout faire pour rétablir un certain équilibre entre mon cerveau et mon corps en mouvement.
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