mercredi 9 mai 2012

Rentrer à la maison


Difficile, parfois, de commencer un billet. Ca fait longtemps que je n'ai pas écrit en français, mais les circonstances s'y prêtent. Après tout, la France est au centre de l'actualité en ce moment avec l'élection du nouveau président, même ici, aux Etats-Unis (enfin... au centre de l'actualité internationale, n'éxagérons rien!). 

Sur le plan personnel, je finis une année d'enseignement de français, et je m'apprête à rentrer à Paris. Certaines personnes disent, pour expliquer mon départ que "je rentre à la maison" ("I'm going back home") et, objectivement, ils ont raison. Mais, bizarrement, je ne le vois pas vraiment comme ça, ce retour. Parce que, même si la Pennsylvanie n'est pas mon "home", c'est devenu mon lieu  de vie. Et il y a un petit déracinement qui s'opère en ce moment. Je dis au revoir aux amis qui m'ont accompagné ces derniers temps. Je m'habitue à l'idée que je ne vais plus vivre avec mes colocs, que mes habitudes, bien que formées récemment, vont changer. 

La partie de moi-même qui a été élaborée ici, j'aimerais pouvoir l'exporter. Je ne veux pas être la parisienne que j'étais avant d'embarquer dans cette aventure américaine. Ce que j'aimerais garder de ma vie ici, c'est avant tout un contact humain plus détendu. J'ai appris à être un peu plus simple:  On va boire une bière? Ok! Je te retrouve dans un quart d'heure. J'ai  davantage le sentiment d'assumer qui je suis, et j'espère que la vie parisienne ne m'ôtera pas cette confiance nouvellement acquise. C'est à moi de continuer à m'affirmer, bien sûr. Mais, je connais la capitale et elle peut être dure. Je connais son métro et ces corps qui ne se regardent pas. 
En vivant dans une ville à taille humaine (à Bethlehem, on croise souvent des connaissances dans les commerces), j'ai pu mesurer à quel point c'était agréable d'avoir des repères, et que la proximité, ça peut être chouette. Parce qu'une demi-heure de métro pour voir un pote, ça casse un peu le côté spontané de la rencontre... 

Mais je pense qu'il y a moyen d'allier mon futur mode de vie urbain avec les habitudes que j'ai acquises ici. En rentrant à Paris, je vais m'engager le plus concrètement possible: dans la recherche d'un emploi, dans du bénévolat et des activités. C'est quelque chose que j'ai appris à faire pour moi-même ici, aux Etats-Unis, en partie parce que c'était le seul moyen de faire connaissance avec la ville et avec les gens. J'ai pris des cours de tango, j'ai proposé des cours de conversation, je me suis investie dans mon travail au théâtre, etc. 

Et c'est peut-être ça, le problème avec l'idée de "home" : on le prend pour un acquis, quelque chose de connu, de familier. On fait moins d'effort pour découvrir les facettes cachées de ce "home". Je me lance donc un défi: rentrer à la maison pour faire connaissance avec ma ville natale. Aller à la rencontre des gens et des paysages sans trop de préjugés. C'est ce qui m'a permis de vivre à fond ces trois ans en Pennsylvanie et je pense que c'est ce qui va me permettre de m'épanouir à Paris. 



Bethlehem, PA, USA

Esplanade de la Défense, Courbevoie, France



2 commentaires:

Gizmo, l'autre chat a dit…

Joli programme !
Bon nouveau départ,
Agnès

Anne Losq a dit…

Merci, Agnès!