samedi 25 décembre 2010

Repas de Noël


Joyeux Noël!

Je suis en France pour les fêtes, donc cela semble logique d'écrire des petits mots en français plutôt que de ne rendre ce blog qu'anglophone.

Mais revenons à nos moutons, et parlons de Noël. Retour à la normale cette année pour ma famille, puisque nous nous sommes réunis de nouveau en France, autour d'une table avec des amis. L'oie, au milieu, trônait avec (matière) grâce jusqu'à ce que nous l'eussent mangée. Les pommes cuites et les marrons faisaient bonne figure à côté de la bête, et le vin affinait les mets. Sans parler du foie gras en entrée, succulent, et du dessert, chocolaté. Des heures à manger, discuter, rire, comater... Noël, quoi. Un festin, un moment qui dure suffisamment longtemps pour qu'on s'en souvienne toute l'année.

Le 22 décembre, j'étais toujours aux Etats-Unis, et maintenant je suis ici, à Paris. Ce parachutage par avion me fait toujours un choc, mais le choc provient davantage du fait que je suis à l'aise - mais vraiment très à l'aise - dans les deux environnements et que c'est presque trop facile de se conformer. Comme si tout mon être se convertissait à l'entrée du pays en question. Et hop, on enfile la casquette française, et hop, la casquette américaine. Bien sûr, je suis ici, à parler de mon mal-être à ce sujet, donc clairement ce n'est pas si facile que ça de changer de nationalité. Mais aux yeux des autres, aux yeux du monde, c'est un jeu d'enfant.

Le repas de Noël, chez nous, correspond davantage à une tradition française : le déjeuner tardif, la nourriture de qualité, le vin, les vannes, et surtout, le temps qu'on passe à table : 3 heures en moyenne.

Malgré le fait que je vois certains avantages liés à l'efficacité de manger à l'américaine, jamais je ne réussirais à concevoir un repas comme un "calorie intake" (littéralement, une "prise de calories") et rien d'autre. Ca m'est arrivé de manger des bêtises à midi, mais je n'appelle pas vraiment ça "manger".

Heureusement pour moi, je viens d'une famille franco-américaine qui aime la bouffe, et qui aime passer du temps à table. Ma mère a beau être américaine, jamais elle ne se lèverait de table de son gré avant la fin règlementaire. Et elle est très souvent partante pour un petit café en fin de repas. Au contraire, je connais des Français qui ont justement émigré aux Etats-Unis en partie pour éviter les festins sans fin dans l'hexagone.

Comme toujours, les simplifications sont traitres et l'on ne peut pas faire de généralisations culturelles sans faire de contresens. Mais on peut quand même dire que la France considère sa cuisine comme un héritage, un patrimoine qu'elle se doit de conserver avec ses rites et ses coutumes. Et aux Etats-Unis, on a tendance à voir la nourriture comme une manière de... se nourrir. Debout, assis, avec couverts, sans couverts, ça n'a pas trop d'importance.

Mais plus qu'un clash culturel, il s'agit d'une différence de tempérament. La déambulation opposée à la ligne droite. Le temps passé à parler opposé au temps passé à agir.

Je pense à ma coloc, toute américaine qu'elle est. Elle prend son temps, fait des pains aux pommes, des tortellinis aux patates douces, et elle savoure. Souvent, elle me rappelle à l'ordre par sa douceur.
Calme-toi, Anne. Assieds-toi, mange avec moi et arrête de bouger.
Alors je m'asseois, et je me rappelle qu'il faut que je prenne mon temps car sinon, tôt ou tard, je finirais par exploser.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merry Christmas Anne! I really enjoy reading your blog. I hope you will continue to share your insights and experiences with us! xo, Dani

Damien Thébault a dit…

Moi je pars au Japon, mais je te souhaite de joyeuses fêtes en France!

Anonyme a dit…

Joli billet !
J'aime bien cette comparaison nationale schématisée par le rapport à la chère. C'est vrai qu'un repas de fête qui ne dure pas 3h n'est PAS un repas de fête ;)
quant à la déchirure existentielle de la double nationalité... à qui le dis tu ...!
Happy new year la comédienne !
MC